Sit-in devant le consulat du Mali en France
Toumani Traoré, président ADCYD-France (2eme à gauche) et son staff composé de Fodé Baradji, Samba Kébé et Guéda Doucouré près du consulat du Mali en France le 10 mai 2016.© Malicom
Depuis une semaine, le consulat général du Mali en France est occupé par les ressortissants de Yélimané qui exigent la libération d’un de leurs emprisonné à Kayes.
Les services consulaires du Mali en France sont fermés depuis le 6 mai dernier. Et pour cause : l’unique consulat général qui établit tous les papiers administratifs des Maliens est occupé par les militants de l’Association pour le Développement du Cercle de Yélimané Dagakané (ADCYD) qui ont élit domicile sur sa devanture empêchant tout accès. Les négociations et conciliabules entamés par la chancellerie sous la houlette de l’ambassadeur Cheick Mouctary Diarra sont restés vains. Les manifestants exigent pour quitter les lieux : la libération immédiate de leur porte-parole Bakary Diambou interpelé et emprisonné au Mali ; la levée de l’interdiction qui frappe leur association ; l’annulation du contrôle judiciaire à l’encontre d’une cinquantaine de leurs membres arrêtés et l’arrêt de la cotisation volontaire instauré en 1987 en sus de l’impôt.
« Nous ne quitteront les lieux que lorsque nos doléances seront totalement satisfaits. Nous ne transigerons pas », clame Toumani Traoré, président de l’ADCYD de France. L’homme qui a mobilisé ses militants pour le sit-in devant le consulat n’entend pas obtempérer aux injonctions de l’ambassadeur qui dans un communiqué publié le 9 mai entendait faire usage de la force pour les déloger.
« Bien que ces revendications n’aient aucun rapport avec le Consulat Général et relèvent plutôt d’une affaire pendante devant la justice malienne, dans un souci de dialogue et d’apaisement, l’Ambassadeur du Mali a initié de nombreuses démarches pour ramener les manifestants à la raison. Malheureusement, toutes ces démarches impliquant des Notabilités et Sages de la communauté malienne de France sont restées infructueuses », rappelle le communiqué de la chancellerie.
« Les manifestants sont restés sur leurs positions, précisant que s’ils n’obtenaient pas satisfaction, ils ne libéreront pas l’accès du Consulat et menacent d’étendre leur mouvement à d’autres Ambassades et Consulats du Mali dans d’autres pays.
Devant une telle intransigeance, à l’origine de désagréments aux usagers et à la population riveraine, conformément aux Conventions Internationales en vigueur, l’Ambassade du Mali est contrainte d’user de toutes les voies de recours pour le retour du fonctionnement normal des services consulaires et de la quiétude dans la Cité », précise le communiqué.
Face à la détermination des manifestants, l’ambassadeur a fini par renoncer. D’autant plus que le mouvement s’est amplifié avec des manifestations au Mali à Yélimané devant la mairie le 10 mai (trois femmes blessées selon la presse locale) et des sit-in devant les consulats de Nouakchott (Mauritanie) et de New York (Etats-Unis).
Mais comment en est-on arrivé là ? Un bras de fer oppose depuis plus d’un an l’association Yélimané Dagakané (Yélimané en avant) et les élus et représentants de l’Etat. Tout est parti, semble-t-il, d’une révélation faites par le député Mahamadou Hawa Gassama pendant la campagne des législatives de 2013. Il aurait lâché lors d’un meeting que grâce au paiement de la « cotisation volontaire », les maires, le préfet, les sous-préfets et les députés du cercle de Yélimané se partagent, chaque année, plusieurs dizaines millions F CFA, après la collecte des impôts. Il aurait même affirmé qu’il va ’aider la population à lutter contre ce détournement. Mais une fois réélu, il se serait ravisé.
En effet, les habitants du cercle de Yelimané payent presque le double de l’impôt dû. Mais cela a une histoire. En 1987, le Mali était sous le régime du parti unique. Pour préparer la visite du président Moussa Traoré les populations de Yélimané ont décidé de réaliser certaines infrastructures : confection d’un campement des hôtes, construction de la maison du parti et achat d’un véhicule.
Il a été décidé d’augmenter l’impôt d’une « contribution volontaire » de 1000 F CFA durant trois ans. Ainsi chaque contribuable du cercle de Yélimané paye 2150 F CFA au lieu de 1150 montant normalement dû. Une situation qui a perduré jusqu’à maintenant.
Le 17 avril dernier Bakary Diambou, porte-parole de l’ADCYD – France été interpellé pour « trouble à l’ordre public » dans le village de Kersigané à 80 km de Yélimané sur plainte des élus locaux. Il était en campagne de sensibilisation pour l’arrêt du paiement de la cotisation volontaire. Il est aussitôt libéré suite à la mobilisation des populations de Yélimané. Continuant sa campagne, M. Diambou est arrêté le 2 mai et déféré à Kayes. Une situation qui a provoqué la colère des militants de l’ADCYD au Mali comme en France.
M. TRAORE
COMMUNIQUE DU CONSULAT GÉNÉRAL DU MALI EN FRANCESit-in devant le Consulat Général du Mali à Paris. Depuis le Vendredi 06 Mai 2016, un groupe d’individus se réclamant de l’Association pour le Développement du Cercle de Yélimané « Yélimané Dagakané » effectue un sit-in devant le Consulat Général du Mali en France. Sur instruction de SEM l’Ambassadeur du Mali en France, une rencontre entre les responsables du Consulat Général et des représentants de l’Association fut aussitôt organisée, afin de comprendre les raisons du sit-in. Au cours de cette rencontre, les responsables de l’Association ont indiqué qu’ils organisent ce sit-in afin d’exiger du Gouvernement du Mali :
Bien que ces revendications n’aient aucun rapport avec le Consulat Général et relèvent plutôt d’une affaire pendante devant la justice malienne, dans un souci de dialogue et d’apaisement, l’Ambassadeur du Mali a initié de nombreuses démarches pour ramener les manifestants à la raison. Malheureusement, toutes ces démarches impliquant des Notabilités et Sages de la communauté malienne de France sont restées infructueuses. Les manifestants sont restés sur leurs positions, précisant que s’ils n’obtenaient pas satisfaction, ils ne libéreront pas l’accès du Consulat et menacent d’étendre leur mouvement à d’autres Ambassades et Consulats du Mali dans d’autres pays. Devant une telle intransigeance, à l’origine de désagréments aux usagers et à la population riveraine, conformément aux Conventions Internationales en vigueur, l’Ambassade du Mali est contrainte d’user de toutes les voies de recours pour le retour du fonctionnement normal des services consulaires et de la quiétude dans la Cité. Paris le 09 Mai 2016 Ambassade du Mali en France 89, rue du Cherche-Midi 75006 Paris Tél.: + 33 6 85 72 33 98 / + 33 1 45 48 24 72 Fax. : + 33 1 45 48 55 34 |
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