Six ans ferme contre un candidat français au jihad arrêté au Mali
Cour d’appel de Paris
Ce Français de 27 ans a été condamné mardi 17 mars par la cour d’appel de Paris. Il avait été arrêté en novembre 2012, alors qu’il tentait de rejoindre les groupes jihadistes du Nord Mali.
En première instance, le 9 juillet 2014, il avait été condamné à 4 ans de prison. Mardi, Ibrahim Ouattara, un Français d’origine malienne de 27 ans, a finalement été condamné à six ans d’emprisonnement par la cour d’appel de Paris. L’accusé, né à Aubervilliers ( Seine-Saint-Denis) en janvier 1988, avait été soupçonné en 2010 d’avoir voulu participer au projet de meurtre contre le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, et d’avoir fait partie d’un groupe projetant, déjà, de poursuivre le jihad à l’étranger.
Ce candidat au jihad avait été arrêté en novembre 2012 au Mali, alors qu’il tentait de rejoindre des groupes islamistes qui s’étaient emparés du nord du pays. C’est le parquet, qui avait requis deux ans de prison de plus en première instance, qui avait fait appel. Déjà en mars 2014, Ibrahim Ouattara avait été condamné à une peine de sept ans pour avoir vainement tenté en 2009 et 2010 de gagner des maquis djihadistes au Pakistan, en Afghanistan ou en Somalie, sans jamais y parvenir. Il avait été arrêté à Sévaré dans le centre du Mali, alors qu’il était en liberté sous contrôle judiciaire dans le cadre de cette première affaire.
Khalifa Dramé, un Franco-Sénégalais qui avait donné son passeport à Ibrahim Ouattara et projetait de le rejoindre au Mali, a été condamné pour sa part à quatre ans ferme. Il avait écopé de 30 mois ferme en première instance.La cour a prononcé le maintien en détention des deux hommes et a confirmé la relaxe d’un troisième homme, Hakim Soukni, qui comparaissait libre. A l’audience début février, l’avocat général avait requis six ans ferme contre Ibrahim Ouattara et quatre ans chacun contre les deux autres prévenus.
Ibrahim Ouattara a refusé, en première instance comme en appel, l’assistance d’un avocat. Il avait expliqué devant le tribunal correctionnel qu’après une enfance chaotique, de père inconnu, maltraité par sa mère et placé en foyer, il avait « toujours été à la recherche de quelque chose ». Jusqu’à sa rencontre avec l’islam, cette religion dans laquelle il a « trouvé toutes les réponses à (ses) questions ». Il avait ensuite dit avoir trouvé « sur internet » les réponses à son questionnement sur le djihad. « La lutte armée est nécessaire. Si on ne m’apporte pas la preuve du contraire, je persisterai dans cette voie », avait-il conclu.
Avec AFP
Ces jihadistes français
Sur un an, le nombre d’individus liés au conflit syrien a augmenté de 92% en France. 1.346 individus impliqués, plus de 80 départements touchés et 80 combattants venus de France sont morts sur zone.
Entre Pierre Choulet, 19 ans, gentil gamin fan de BMX et de football à Port-sur-Saône, près de Vesoul, et Abou-Talha al-Faransi, mort en kamikaze, en Irak, sous la bannière de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), il y a un monde. Ce sont pourtant une seule et même personne, à deux années d’intervalle. Converti à l’Islam deux ans plus tôt, Pierre en choisit une vision radicale, celle du salafisme djihadiste, quand il prend le chemin de la Syrie en octobre 2013. Au bout de son périple funeste, c’est l’EI qui a finalement annoncé sa mort sur les réseaux sociaux.
Cette mort, incompréhensible pour les parents désemparés du jeune homme, vient une nouvelle fois illustrer dramatiquement le phénomène des Français empruntant les voies du djihad. Une « une menace d’une ampleur jamais égalée » estimait en décembre dernier le premier ministre Manuel Valls, deux semaines à peine avant l’attentat meurtrier des frères Kouachi contre Charlie Hebdo et les tueries d’Amedy Coulibaly à Montrouge et Porte de Vincennes.
1.346. Ils seraient 1.346 Français ou résidents en France impliqués, c’est-à-dire ayant a minima exprimé des velléités de départ. Et il s’agit d’un chiffre resserré. Le 11 février dernier, lors d’une intervention à l’Assemblée nationale, Bernard Cazeneuve évoquait en effet une mouvance de 2.000 individus « concernés par un engagement terroriste par-delà nos frontières ». Il s’agit là de la fourchette d’estimation la plus haute, incluant les contacts éventuels et un cercle élargi de complicités.
←Pierre Choulet alias Abou-Talha al-Faransi
Dans le détail, le ministère de l’Intérieur estime à 325 le nombre de candidats au départ quand 275 individus seraient d’ores et déjà en transit. 417 combattants venus de France seraient déjà présent sur zone entre la Syrie et l’Irak. 249 Français ou résidents ont quant à eux quitté le théâtre des opérations et se trouvent entre la Syrie-Irak et la France. Un chiffre enfin permet de constater l’étendue du phénomène : sur les 101 départements français, plus de 80 sont concernés par ces affaires. Enfin, le nombre de Français ou résidents en France qui ont péri dans les zones de combat grimpe quant à lui à 80. Ils étaient 60 en décembre, et près de 20 en janvier 2014.
92%. Le premier décompte précis sur le phénomène avait été communiqué par Manuel Valls, alors encore ministre de l’Intérieur, il y a un peu plus d’un an, en janvier 2014. Le ministre faisait alors état de 700 Français ou résidents en France, plus ou moins impliqués. Avec une augmentation de 92 % de cet effectif sur une année, ce chiffre a donc quasiment doublé. Sur place, dans les zones de combats, ils sont aujourd’hui 166 de plus.
Parallèlement, un autre chiffre explose. Celui des retours : en janvier 2014, Manuel Valls évoque 75 à 76 individus de retour en France. Au fil des mois, on préfère parler « d’individus ayant quitté la zone », c’est-à-dire se trouvant entre la Syrie-Irak et la France. Ils étaient 180 en septembre dernier. Ils sont passés à 249 aujourd’hui : leur nombre a été multiplié par 3 sur un an.
Bernard Cazeneuve comme Manuel Valls, n’ont de cesse de le répéter : la lutte contre ces filières en amont comme sur la question des retours, est une priorité du gouvernement. D’un point de vue judiciaire, selon les informations d’Europe 1, le phénomène se traduit au 20 février, par 105 dossiers en cours, dont 57 informations judiciaires et 48 enquêtes préliminaires.
138 individus sont à ce jour mis en examen, dont 11 femmes. 93 personnes ont été écrouées et 45 se trouvent sous contrôle judiciaire. 13 procédures ont d’ores et déjà été bouclées. En outre, 266 personnes sont actuellement visées par des procédures, dont 25 femmes.