Tiébilé Dramé : « le projet d’accord d’Alger renferme les germes d’une désintégration du Mali »
Pour le leader du Parena, Tiébilé Dramé, la question de l’unité nationale est d’une brûlante actualité.
Le leader du Parena Tiébilé Dramé s’interroge sur les maigres résultats issus du long processus d’Alger et du blocage consécutif au refus des groupes de Kidal de parapher le projet d’accord du 1er mars.
« Sans débat et sans bilan critique de la décentralisation, le projet d’Alger crée de facto des régions autonomes dirigées par des présidents de régions élus au suffrage universel direct et cumulant les fonctions de président de l’Assemblée Régionale, de chef de l’Exécutif et de l’administration de la région ». Ainsi s’exprimait Tiébilé Dramé, lors d’une conférence à la Pyramide du Souvenir à l’occasion du 24 anniversaire du vendredi noir (22 mars 1991, journée des martyrs).
« Les décisions des organes délibérants de ces régions seront exécutoires dès après transmission au Représentant de l’État qui ne pourra exercer qu’une mission de contrôle a posteriori », a-t-il précisé.
Pour le leader du Parena (opposition), la question de l’unité nationale est d’une brûlante actualité. Elle se pose avec acuité au regard de la profonde crise sécuritaire et institutionnelle déclenchée en 2012 par la rébellion du MNLA qui a vu l’effondrement de l’armée et de l’État.
« La nouvelle gouvernance instaurée au lendemain de l’élection présidentielle a fragilisé l’État déjà affaibli par la crise sécuritaire et institutionnelle. Dans ces conditions, beaucoup craignent que le projet d’accord d’Alger ne renferme les germes d’une désintégration à terme du Mali », avertit M. Dramé. Car la présence des djihadistes étrangers sur le territoire malien, le business des otages occidentaux et le narco trafic ont contribué à fragiliser le pays et à déstabiliser le Nord.
« Le Mali de mars 2015 ressemble à un pays au pied du mur, coincé entre le marteau et l’enclume », a déclaré Tiébilé Dramé. Il faudra selon lui, au vu du blocage actuel, que le Mali reprenne le contrôle du processus de sortie de crise et relance le dialogue inter-malien pour parvenir à un accord susceptible de restaurer la stabilité et la paix dans tout le pays.
Il est urgent, d’après M. Dramé que s’engagent des concertations nationales pour débattre à la fois du blocage du processus de sortie de crise et de la situation générale du pays. C’est à ce prix qu’il sera possible de conjurer les menaces qui pèsent sur la Nation et d’éviter les risques de guerre civile au Nord, de nouvelle rechute et d’effondrement du pays.
Ahmadou DIALLO