« Timbuktu » triomphe aux Césars
La scénariste de « Timbuktu » Kessen Tall et le réalisateur du film Abderrhamane Sissako lors de la remise des Césars.
Avec sept récompenses sur huit nominations, le chef d’œuvre d’Abderrahmane Sissako sur la terreur djihadiste au Mali a été sacré par l’Académie du cinéma français.
C’est presque un sans-faute. Vendredi soir 20 février, Timbuktu a remporté sept César sur huit nominations. Le film franco-mauritanien d’Abderrahmane Sissako, qui chronique de la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des djihadistes, a notamment décroché les deux prix les plus prestigieux: meilleur film et meilleur réalisateur.
Six semaines après la tuerie de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, l’Académie des arts et techniques du cinéma a plébiscité Timbuktu, lors de la quarantième cérémonie des Césars. Produit par Sylvie Pialat, ce magnifique réquisitoire contre l’intégrisme et l’obscurantisme a obtenu pas moins de sept Césars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur « scénario original », « musique originale », « photo », « son » et « montage ».
«La France est un pays magnifique, parce qu’elle est capable de se dresser contre l’horreur, contre la violence, l’obscurantisme», a dit Abderrahmane Sissako, en référence aux immenses manifestations dans le pays qui ont suivi les attentats du 7 au 9 janvier à Paris. «Il n’y a pas de choc des civilisations, ça n’existe pas. Il y a une rencontre des civilisations», a ajouté celui qui est devenu le premier cinéaste d’Afrique noire à recevoir le César du meilleur réalisateur. Le cinéaste a aussi tenu à remercier la France, «pays extraordinaire, ouvert aux autres» et son pays, la Mauritanie, qui «a accepté de protéger son équipe».Tout autant que les propos du réalisateur, la chanson de Timbuktu, merveilleusement interprétée par des musiciens africains sur la scène du Théâtre du Chatelet, a donné le ton de cette soirée : « Maliba, un jour viendra/Tu peux adorer Dieu sans tuer ton prochain/Tu peux être spirituelle sans cultiver la haine… »
Face à cette déferlante, les autres films se sont partagé les prix restants. Pierre Niney, qui prête sa grâce fragile à Yves Saint Laurent dans le film Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, autre biopic sur le couturier français, a reçu le César du meilleur acteur, l’emportant sur son concurrent Gaspard Ulliel dans le film de Bertrand Bonello. Adèle Haenel, 26 ans, a décroché le César de la meilleure actrice pour son rôle de jeune femme rebelle et impulsive se préparant à l’apocalypse dans le film Les Combattants de Thomas Cailley. L’actrice américaine Kristen Stewart, 24 ans, est devenue vendredi la première Américaine à remporter un César, pour son second rôle dans Sils Maria d’Olivier Assayas.
Pour Timbuktu, l’aventure ne s’arrête pas là. Le film sera en compétition aux Oscars, dimanche. Le Premier ministre français Manuel Valls a salué samedi le triomphe de « Timbuktu » lors de la 40e Cérémonie des César à Paris, un film qui «résiste à la barbarie».