Trois morts dans un accrochage entre groupes armés au nord du Mali
Trois personnes ont été tuées lors d’un accrochage entre groupes armés signataires de l’accord de paix, et un officier de l’armée malienne a été abattu samedi par des « terroristes » dans le nord du Mali, a appris dimanche l’AFP auprès d’un mouvement d’autodéfense et de l’armée.
« La Coordination des mouvements signataires de l’accord du 15 mai, issue du processus d’Alger (Compis-15) et le Mouvement patriotique d’autodéfense GandaIzo informent » que samedi, la position du GandaIzo à Ndaki dans le Gourma, commune rurale de Gossi (nord), « a été attaquée par des éléments du GATIA (groupe d’autodéfense des touaregs Imghads) », a précisé à l’AFP Mohamed Attaib Sidibé, responsable du GandaIzo.
Selon lui, « il y a deux combattants du Gatia, et un combattant » de son mouvement qui ont été tués » au cours des affrontements.
Les combattants touaregs du GATIA écument depuis quelques mois la zone du Gourma de Douentza à la frontière nigérienne, du delta intérieur du Niger jusqu’à la frontière du Burkina Faso, dans l’objectif de chasser de leurs territoires les communautés sonrais, peuls, bellas, bamabaras, sorkos, a également déclaré la même source.
« Nous célébrons ce dimanche, l’anniversaire de la signature de l’accord d’Alger, et la tension règne toujours, cela veut dire que beaucoup reste à faire », a relevé M. Sidibé.
Interrogé par l’AFP, un responsable du GATIA a confirmé le nombre de « trois personnes tuées », tout en affirmant que « le GATIA a été menacé dans ses positions, et il était obligé de se défendre ».
Par ailleurs, un officier de l’armée malienne a été assassiné samedi à Gao (nord) par un « terroriste », a indiqué à l’AFP un responsable de l’armée malienne.
« Le médecin commandant Mamadou S. Camara a été abattu samedi de deux balles par un individu à son domicile de Gao », a déclaré à l’AFP ce responsable de l’armée dans le nord du Mali. Selon le ministère malien de la Défense, « tout est mis en oeuvre pour retrouver les terroristes ».
Communiqué de la COMPIS 15 et du Mouvement GandaIzo
La Coordination des mouvements signataires de l’accord du 15 mai, issu du processus d’Alger (COMPIS 15) et le Mouvement patriotique d’autodéfense GandaIzo informent l’état malien et son gouvernement, la médiation internationale, la communauté nationale et internationale, les partis politiques de la majorité et de l’opposition, la société civile malienne, les groupes parties prenantes de l’accord pour la paix, le Comité pour le Suivi de l’Accord, que ce jour 14 mai 2016 vers 12h sa position à Ndaki dans le Gourma, commune rurale de Gossi a été attaquée par des éléments du GATIA. Hier 13 mai 2016, des éléments du Groupe d’Autodéfense Touaregs Imghads (GATIA) se sont présentés à Ndaki pour demander aux éléments armés du GandaIzo d’intégrer leur mouvement dans le but disent-ils d’éviter de se faire désarmer par les forces maliennes. Cette injonction a été rejetée par les éléments du groupe Gandaizo cantonnés à Ndaki.
Les forces armées de la Communauté des Imghads écument depuis quelques mois déjà la zone du Gourma de Douentza à la frontière nigérienne, du delta intérieur du Niger jusqu’à la frontière du Burkina Faso, dans l’objectif de chasser de leurs terroirs les communautés sonrais, peuls, bellas, bamabaras, sorkos, …
La direction du mouvement GandaIzo a de tout temps attiré l’attention des autorités maliennes, de la communauté nationale et internationale sur les conséquences désastreuses pour la paix que constituent la non prise en compte de l’inclusivité des groupes armés signataires de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger. Gandaizo conscient des enjeux dans cette partie avait alerté à suffisance le gouvernement malien responsable de la mise en œuvre de l’accord de cette situation. A tous les foras et rencontres auxquels nous avions été invités nous avions précisément prévenu que le fait de ne pas inclure nos groupes armés dans les structures de suivi et de mise en œuvre de l’accord aboutirait à terme à les considérer comme illégaux et à leur désarmement par la force. Nos inquiétudes se sont vite justifiées par le fait de l’attaque de ce jour 14 mai 2016 dont l’objectif avoué est de désarmer par la force les éléments armés de nos groupes armés. A ce jour, les groupes membres de la COMPIS 15 disposant d’un nombre important de combattants armés, sont encore exclus du MOOC, des patrouilles mixtes ainsi que des autres outils de Suivi de l’Accord et de mise en œuvre de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger.
L’attaque lancée par le groupe d’autodéfense Imghads GATIA contre le GandaIzo est une agression planifiée et exécutée pour le compte de la communauté des Imghads et alliés. Les velléités communautaristes longtemps cachées du GATIA, mais bien connues des autres communautés vivant dans la zone, se font donc jour désormais.
Nous informons la médiation internationale, la communauté nationale et internationale, les partis politiques de la majorité et de l’opposition, à la société civile malienne, aux autres groupes parties prenantes de l’accord pour la paix, que ce groupe, armé par les moyens de l’état malien et bénéficiant de son appui, martyrise les populations sonrais, peuls, bellas de la zone de Ndaki depuis quelques mois. Des exactions, harcèlements et menaces ont été impunément commis par le détachement du GATIA du Gourma, contre des membres des autres communautés de la zone. La COMPIS 15 et le mouvement GandaIzo rappellent encore une fois que la construction de la paix et le vivre ensemble recherché par les parties à l’accord ne peux se construire de cette manière consistant à tuer et martyriser des communautés ou à les contraindre par la force à adhérer à des idées et positionnements qui sont différents des intérêts de leur communautés d’origine. Si le GATIA s’est cru suffisamment fort pour aller contraindre des membres de nos communautés à adhérer à leurs thèses et à leurs plans, qu’il comprenne que nous nous battrons jusqu’à la dernière goute de sang, même les mains nues, pour défendre notre honneur, nos valeurs, nos biens et notre terroir que nous ont légués nos ancêtres.
Les autorités de la république du Mali se rappellerons de la volonté inébranlable de la Direction de GandaIzo et de la COMIS 15 d’aller vers la paix et de construire le vibre ensemble des communautés de la zone. Les positionnements du gouvernement malien qui consistent à refuser d’admettre les faits sur le terrain (c’est à dire l’existence des groupes armés signatures mais exclus de fait du processus de mise en œuvre de l’accord) ont favorisé certains groupes armés contre d’autres. Cette politique de l’autruche a autorisé de façon tacite le groupe d’autodéfense Imghads GATIA qui défend des intérêts communautaires, à vouloir imposer ses points de vue par les armes aux communautés sonrais, bellas, peuls, bambaras, sorkos, chirfis et alliés de la zone du Gourma. Suite à cette agression, la COMPIS 15 et le mouvement Gandaizo prennent encore à témoin la médiation internationale, la communauté nationale et internationale, les partis politiques de la majorité et de l’opposition, la société civile malienne, les autres groupes parties prenantes de l’accord pour la paix des conséquences très graves que l’exclusion de fait des groupes armés pourtant signataires de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger, peut avoir sur la paix. Face à cette escalade communautaire, la COMPIS 15 et le mouvement Gandaizo exhorte l’état malien et son gouvernement, la médiation internationale, la communauté nationale et internationale, les partis politiques de la majorité et de l’opposition, la société civile malienne, les autres groupes parties prenantes de l’accord pour la paix, à prendre les dispositions pour mettre les groupes armés signataires de l’accord dans leurs droits au même titre que les autres groupes issus des communautés touaregs et pour éviter les dérapages qui ont ainsi commencé avec cette agression inqualifiable des éléments armés de la ville de Ndacki par des éléments défendant les intérêts de la communauté Imghads dans le Gourma.
Dans cette situation, la COMPIS 15 et le mouvement GandaIzo appellent les communautés sonrais, bellas, peuls, bambaras, chirfis, sorkos ainsi que les touaregs et les arabo-berbères qui aspirent véritablement à la paix et au vivre ensemble, à s’unir d’avantage, raffermir leurs rangs pour contrer les velléités des imghads d’extermination des populations noires de la zone du Gourma. Pour le Mouvement GandaIzo et pour la COMPIS 15.
Mohamed Attaib SIDIBE, Président du Mouvement GandaIzo, Porte-Parole de la COMPIS 15. Gao, le 14 mai 2016
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