Un jihadiste malien condamné à 9 ans de prison pour la destruction des mausolées de Tombouctou
Le jihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi lors de son procès devant la Cour pénale internationale, à La Haye, aux Pays Bas, le 22 août 2016.
Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont condamné mardi à neuf ans de prison, lors d’unverdict historique , le djihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi. L’ homme avait détruit à Tombouctouen 2012 des mausolées classés au patrimoine mondial de l’ humanité.
« M. Al Mahdi, le crime pour lequel vous avez été reconnu coupable est très grave « , a affirmé le juge Raul Pangalangan, ajoutant: « la chambre vous condamne à neuf années de détention ».
L’accusé, en costume gris, chemise blanche et cravate rayée, a écouté la lecture du jugement de manière concentrée, hochant de temps en temps la tête . En se rasseyant après la lecture de la sentence, il a mis une main sur son coeur.
Crime de guerre. Des dunes du Sahara à celles de la mer du Nord , au pied desquelles se dresse la CPI, le TouaregAhmad Al Faqi Al Mahdi est accusé de crime de guerre pour avoir « dirigé intentionnellement des attaques » contre neuf des mausolées de Tombouctou (nord du Mali) et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia entre le 30 juin et le 11 juillet 2012.
En outre, « sa participation directe à de nombreux incidents et son rôle en tant que porte-parole pour justifier les attaques dans les médias » ont été reprochés à l’accusé, né vers 1975.
Après avoir plaidé coupable à l’ ouverture de son procès, cet homme aux petites lunettes avait demandé pardon à son peuple, assurant être « plein de remords et de regrets ». Il avait déclaré avoir été à l’époque « sous l’ emprise » de groupes djihadistes et avait appelé les musulmans du monde entier à résister « à ce genre d’ actions ».
Chef de la brigade des moeurs. En tant que chef de la Hisbah, la brigade islamique des mœurs, il aurait ordonné et participé aux attaques contre les mausolées, détruits à coups de pioche , de houe et de burin.
Pour ses avocats, l’accusé est pourtant « un homme honnête » qui, à un moment donné, « s’est trompé ». « C’est un homme qui voulait construire quelque chose de mieux « , avait affirmé Jean- Louis Gilissen lors de sa plaidoirie.
L’accusation avait requis entre neuf et onze ans de détention, et la défense s’était engagée à ne pas interjeter appel si la peine décidée par les juges se trouvait effectivement au sein de cette échelle . Les juges ont retenu plusieurs circonstances atténuantes , dont son admission de culpabilité, sa coopération , son empathie pour les victimes et ses remords ainsi que sa « réticence initiale à commettre les crimes ».
L’Unesco satisfaite. La directrice générale de l’organisation des Nations unies, Irina Bokova, a relevé « une étape historique dans la reconnaissance de l’importance du patrimoine pour les communautés qui l’ont préservé au fildes siècles et au- delà , pour l’humanité tout entière ».
Cette décision , a-t-elle ajouté, renforce la conviction de l’Unesco sur « le rôle majeur du patrimoine comme moteur de reconstruction et de consolidation de la paix ».
Quant à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, elle indiqué que la peine « donnera un avertissement à ceux qui commettent ces crimes ou ceux qui envisagent de les commettre, qu’il s’agit d’un crime sérieux ».
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