Unesco : la montée en puissance du Mali
L’ambassadeur Oumar Keïta lors de la présentation de sa mission aux Maliens de France le 29 mai 2015 à l’Unesco.
Après plus d’un demi-siècle de partenariat, le Mali renforce ses compétences pour combler son retard de représentation auprès de l’Unesco et faire face aux projets innovants.
Le Mali était en vedette ce 29 juin en Allemagne où se tient actuellement le Comité annuel du patrimoine mondial de l’Unesco. Cette 39e session examine les propositions d’inscription de 37 sites sur la liste du patrimoine mondial au Centre international de conférences de Bonn, du 28 juin au 8 juillet, sous la présidence de Maria Böhmer, ministre adjointe aux affaires étrangères et députée au Bundestag.
En effet, la directrice générale de l’Unesco Irina Bokova, la ministre de la Culture du Mali N’Diaye Ramatoulaye Diallo et l’ambassadeur du Mali auprès de l’Unesco Oumar Keïta, ont présidé la cérémonie consacrée la fin de la 1ère phase du programme de reconstruction des monuments et mausolées détruits au Nord du pays. En présence de Mbaranga Gasarabwe, représentante spéciale adjointe pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), première mission de maintien de la paix à avoir été mandaté par le Conseil de Sécurité à appuyer la sauvegarde du patrimoine culturel.
Le Mali bénéficie d’un plan d’action pour la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé dans le Nord après le passage des jihadistes entre 2012 et 2013. Débuté en 2014 et étalé sur quatre ans avec un budget de plus de 11 millions de dollars ce projet va réhabiliter 14 mausolées détruits sur 16, 3 mosquées, 4 bibliothèques et sauvegarder 400 000 manuscrits anciens sauvés de la destruction des jihadistes.
Un demi-siècle de partenariat. Docteur en Histoire et civilisations, l’ambassadeur du Mali auprès de l’Unesco, Oumar Keïta a procédé le 29 mai dernier à la présentation de sa mission aux Maliens de France. Au cours de cette cérémonie solennelle, il avait expliqué que le Mali est membre de cette organisation depuis le 7 novembre 1960 soit seulement deux mois après l’indépendance du pays. Mais peu de ses compatriotes savent réellement l’importance de l’Unesco pour le Mali. Pourtant, l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture plus connue sous son acronyme anglais Unesco (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization) est une institution spécialisée des Nations unies créée depuis le 16 novembre 1945. Elle a pour objectif selon son acte constitutif de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion…».
Mais au delà de cette profession de foi, l’Unesco est un véritable partenaire qui a œuvré au rayonnement culturel du Mali sur la scène internationale. Au delà de la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé dans le nord du pays, un projet d’assistance internationale d’urgence financé par le fonds du patrimoine culturel immatériel à plus de trois cent mille dollars est également en cours. Le Mali a inscrit sur la liste du patrimoine mondial les célèbres sites d’une valeur universelle exceptionnelle comme le Tombeau des Askia de Gao (2004), Tombouctou et les anciennes villes de Djenné (1988) et les Falaises de Bandiagara en pays dogon (1989). Plusieurs projets qui vont de la construction d’écoles à la formation professionnelle sont été financés sous l’égide de l’Unesco. Des projets qui ont des impacts économiques sur le développement du pays.
Une équipe dédiée. Comme l’a si bien dit l’ambassadeur Keïta, « La Culture est désormais un maillon essentiel de la relance économique du Mali. Elle n’est plus vue comme une simple manifestation de nos coutumes, mais plutôt comme un segment de la chaine de développement ». Une nécessité vue par les autorités qui ont pris les dispositions pour créer déjà en 2011, la délégation permanente du Mali à l’Unesco pour pallier la sous représentation du pays au sein de l’institution. En effet contrairement à la plupart des 195 pays membres, le Mali, grand pays de culture était représenté l’ambassadeur auprès de la France et qui en déléguait souvent une partie de ses missions à ses conseillers. Une attitude qui ne rime pas avec l’efficacité.
Mais le coup d’Etat de 2012 n’a pas permit concrétiser l’installation de la délégation permanente du Mali. C’est finalement en septembre 2014, avec la nomination de M. Keïta comme délégué permanent et la présentation de sa lettre de créances le 2 décembre de la même année que le Mali dispose pour la première fois d’une équipe dédiée auprès de l’Unesco. Cependant cette représentation est loin de la norme car avec un seul conseiller (le diplomate Moussa Cissé) auprès de l’ambassadeur, l’équipe a été réduite au strict minimum. A titre d’exemple un pays comme le Sénégal dispose de 12 conseillers. Néanmoins pour être présent à toutes les commissions de l’Unesco (éducation-formation, patrimoine, culture et science), quatre conseillers sont nécessaires.
⇑La réhabilitation du patrimoine culturel détruit dans le nord du Mali.
Des experts. La particularité des délégations à l’Unesco tient à la nécessité de recourir à des consultants pour appuyer le travail du personnel diplomatique, a expliqué l’ambassadeur Keïta. « C’est à cet effet que les trois consultants spécialistes viennent appuyer de façon temporaire la Délégation. Bien évidemment, notre souhait était de disposer d’un personnel diplomatique bien étoffé pour faire face aux nombreuses missions au sein de l’Unesco. La situation actuelle caractérisée par la présence d’un seul conseiller, nous oblige à recourir à des consultants pour conduire des projets techniques et permettre ainsi à l’ambassadeur et au conseiller de se consacrer au fonctionnement régulier de la Délégation », a-t-il justifié. Ces consultants temporaires sont Hawa Deme Sarr (éducation –formation), Clémence Hamel, (culture – patrimoine) et Julien Aubier, (communication). Pour les deux derniers noms cités, l’ambassadeur a essuyé les critiques de certains Maliens de France qui l’ont accusé d’avoir recruté des corses (ce qui n’est pas exact) au détriment des compatriotes. Toute chose que M. Keïta réfute en affirmant avoir fait appel à des spécialistes pour leurs expertises dans l’intérêt du Mali.
Pour lui, l’alternative est souple et radicalement moins onéreuse pour le budget de l’Etat. « Nous travaillons de notre mieux pour réussir les challenges, à moindre coût, et pouvoir justifier à terme, la nécessité d’avoir des recrutés locaux dans les mois et années à venir », a-t-il lancé.
Des projets innovants. Du travail M. Keïta n’en manque pas, tel que le projet présidentiel de création d’une bibliothèque innovante au Mali. « Plus qu’une bibliothèque, il s’agit de créer au Mali un espace innovant d’accès à l’information, la culture et au savoir, véritable lieu d’échange entre tous, basé sur un modèle économique viable et créateur de richesses », soutient-il. D’après lui, ce projet permettra de promouvoir la lecture et la création artistique, encourager les innovations sociales et économiques mais aussi réduire la fracture numérique. « L’accent sera mis sur les ressources numériques et universitaires, un cadre accueillant visant un public large et l’implantation en son sein d’entreprises culturelles innovantes créatrices », a-t-il commenté.
Un autre grand chantier concerne l’organisation des Etats Généraux de la Culture avec le ministère de la Culture, de l’artisanat et du tourisme « C’est un forum de large consultation, de débat franc entre les opérateurs culturels du Mali et les partenaires pour dégager les pistes de la nouvelle politique culturelle du Mali axée sur l’économie de la culture et le renforcement des valeurs de cohésion sociale, d’entente nationale et de coexistence pacifique entre nos différentes religions et coutumes ».
Ce forum permettra de corriger les points faibles de la culture au Mali comme les problèmes de financement, de développement des industries culturelles créatives, de manque de coordination et de mise en réseaux des acteurs culturels, de l’insuffisance de la prise en compte de la propriété intellectuelle…
M. TRAORE
Les maliens ne sont pas trompé en votants IBK…et le président a eu raison de nommer le docteur OumarKeita son excellence fait un travail sans précédent pour la culture de grande république. ..encore merci son excellence pour tout ce que tu fais pour le Maliba…bravo.
Bravo pour le rayonnement du Mali dans le concert des nations! La sauvegarde du patrimoine mondial est un enjeu majeur pour le Mali